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Samedi, 24 Septembre 2011 15:00

Ouest lausannois: une ville sur le chaos ?
Malgré l’attribution du prix Wakker, le puzzle institutionnel de l’Ouest lausannois rend la coordination difficile.
Le prix Wakker 2011 de la sauvegarde du patrimoine est attribué à l’Ouest lausannois.
La nouvelle a l’allure d’un gag.

En effet, le territoire morcelé en neuf communes est le symbole vivant de l’anarchie urbaine. Les petits villages d’autrefois ont été déstructurés, successivement par l’industrialisation, les centres commerciaux de banlieue et la désindustrialisation. Tout le réseau de transports a été conçu pour assurer le transit vers le centre de Lausanne et non pour desservir une zone qui compte aujourd’hui 75 000 habitants. Les balafres autoroutières ont découpé le territoire. L’implantation du vaste campus universitaire a apporté son supplément hétéroclite à la région. Bref, lorsque neuf communes indépendantes aménagent le territoire, c’est le chaos. La simple logique voudrait qu’une agglomération urbaine soit gérée par une autorité unique. Mais la politique a ses raisons que la raison ne connaît pas. Une vaste fusion de communes ou la création d’une collectivité d’agglomération dotée de son propre pouvoir n’a aucune chance de voir le jour. Et comme le statu quo est intenable dans la banlieue ouest, une solution pragmatique est trouvée. C’est la création d’un bureau intercommunal pour dessiner le Schéma directeur de l’Ouest lausannois (Sdol). L’autorité cantonale n’est pas étrangère à cette sagesse intercommunale. Au tournant du siècle, elle siffle la fin de la politique du Far West lausannois. Pour éviter l’étouffement du trafic routier, le Conseil d’Etat décide un moratoire sur l’implantation de centres commerciaux et propose une étude sur le trafic d’agglomération . Les communes de l’ouest craignent l’influence de la capitale. Elles décident d’unir leurs forces en créant le Sdol. Mais nous sommes en terre vaudoise, amoureuse du compromis. Comme une partie de l’ouest est sur le territoire de Lausanne, la capitale se joint au projet. Le bureau intercommunal s’ouvre en 2003. L’aménagement coordonné peut commencer en ignorant les limites administratives obsolètes. Le bureau élabore le plan d’occupation des friches industrielles, dessine le réseau routier adapté à la desserte des lieux, franchit la barrière autoroutière, densifie les zones en fonction du réseau des transports publics. Les premiers chantiers s’ouvrent, visibles, notamment, en longeant la route cantonale. Le prix Wakker récompense cette démarche collective et son début de réalisation. Ce n’est probablement pas la création d‘une vraie nouvelle ville comme l’écrivent certains auteurs du livre paru aux éditions infolio. C’est en revanche un élément utile du puzzle institutionnel qu’est et restera probablement l’aménagement du territoire en Suisse. Le Sdol est l’un des six secteurs qui composent le Projet l’aménagement Lausanne-Morges mis sur pied par le canton de Vaud et une trentaine de communes. La bénédiction de la Confédération, et surtout l’argent qui en découlera, est l’élément moteur de ce grand projet de rénovation urbaine.

Albert Tille in Domaine public

Mise à jour le Samedi, 24 Septembre 2011 15:32
 
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